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  • Photo du rédacteurCharles

Malacca, un authentique games of thrones (III)

Résumons, d’un côté des Occidentaux très catholiques, de l’autre des Asiatiques très musulmans, chaque camp ayant ses divisions internes très marquées.


Toutefois le boulet (de canon) est dans le camp malais. Non seulement l’artillerie occidentale est incomparablement supérieure tant en puissance qu’en savoir-faire, mais Alphonso d’Albuquerque a affermi son pouvoir sur ses troupes. Quelques pendaisons, des hommes aux fers, d’autres envoyés en mission de reconnaissances suicides et voilà les troupes reprises en mains. Que des Fidalgos ne partagent pas ses vues et renâclent encore importe peu, dans l’ensemble tous ploient le genou.


Bref, une force unifiée commandée par un homme au caractère bien trempé, suffisamment même pour réinterpréter à sa guise les ordres royaux de Lisbonne qui sont d’établir un comptoir commercial à Malacca, une gageure pour le Lion des mers du Sud. En même temps après les batailles de Diu, Calicut et Goa les effectifs portugais ne sont pas extensibles.


Etablir une nouvelle base à Malacca demande mûre réflexion. Si l’on en croit les Commentarios écrit par son fils, Albuquerque veut couper directement l’approvisionnement en épices aux Gujeratis et Arabes, ruinant ainsi pour de bon la filière traditionnelle de l’un des commerces les plus fructueux de l’époque au profit exclusif du Portugal.


Enfin au Printemps 1511 Albuquerque a réuni une flotte de 19 nefs et plus ou moins 1500 hommes dont 900 Portugais. Fin juin les Portugais sont en vue de Malacca, une cité de 100 à 200 000 habitants selon les sources, a comparé à celle de Paris à l’époque : 150 000.

Le sultan Mahmoud réagit mollement, il a 20 000 hommes sous ses ordres, quelques 3 000 « canons », des éléphants… Il laisse Albuquerque vociférer ses menaces, -libérez les Portugais prisonniers, payez une amende, et laissez-nous construire une forteresse- sans daignez lui répondre.


Chauffé à blanc d’Albuquerque passe à l’action, il arraisonne quelques navires arrivant à Malacca, histoire de fléchir ses muscles mais aussi de capturer des otages pour un éventuel échange. Diplomate, il accepte l’aide spontanée des capitaines chinois ancrés aux alentours de pulau besar. « Diplomate » si l’on peut dire, Albuquerque envoie également un prisonnier gujerati vers le sultan pour « négocier ». Enfin si l’on peut parler ici de négociation, il s’agit plus d’un ultimatum auquel le sultan ne donne aucune suite. Par contre aiguillé par les conseils des Gujerati et Arabes, il prépare ses défenses, quoiqu’il semble encore ne pas craindre grand-chose de cette insignifiante poignée de barbares.


En réalité les vents sont favorables les Portugais qui pilonnent la cité -l’armement occidental est infiniment supérieur, portée, calibre, précision, dégâts…- des départs d’incendies préludent une première attaque terrestre.


Les troupes portugo-indiennnes débarquent mais elles ont à faire à forte partie. Les piquiers d’Albuquerque font face aux éléphants de Mahmoud. A la tombée du jour les Portugais rembarquent prestement pour la sécurité des carracks. En ville les incendies sont rapidement maitrisés, parapets et palissades détruites rebâties. Noté qu’au passage la communauté chinoise fournit les barges de débarquement.


Le bilan de la journée n’est guère probant, les Portugais ont démontré qu’ils ne peuvent être pris à la légère, les Malais qu’ils ont du répondant.


Journée indécise ?


Oui et non, les Chinois constatent de visu la puissance de feu dont dispose les barbares, ils choisissent leur camp. Pour ce qui est des Indiens, Nina Chattu un commerçant hindou offre depuis quelques temps ses services aux Portugais en délivrant des messages de Luy de Araujo. Ainsi dès avant son départ des Indes Albuquerque était informé de la faiblesse relative du sultan, 20 000 hommes mal équipés, mal entrainés, de l’artillerie en nombre mais inefficace. Certes, des éléphants…


La journée montre surtout la détermination des uns et l’indécision des autres, l’unité d’un côté et de l’autre une alliance qui montre déjà de sérieux signes de délitement.


Ce n’est que le début.


Illustration portrait d'Alphonso D'albuquerque, noté la barbe de patriarche, les manches à crevée et son goût marqué pour le noir. Un "Asiate" dans l'âme qui se moulera dans les us et coutumes des Indes.

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