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  • Photo du rédacteurCharles

Le premier homme à avoir physiquement bouclé le tour du monde était-il de Malacca ? Part I






Enrique ou Penglima Awan en malais reste une énigme, son histoire débute dans le fracas des armes lors de la prise de Malacca en 1511 par Afonso de Albuquerque. L’un de ses bouillants capitaines n’est autre que Fernão de Magalhães.


La cité conquise est partiellement mise à sac, les demeures chinoises, indiennes et javanaises sont épargnées.


Entre autres butins Fernão obtient un esclave, un jeune malais qui sera bientôt connu sous le nom de Enrique (il s’est converti au catholicisme, les changements de religion sont courants dans l’histoire des Indes portugaises). En tout cas Enrique, un simple esclave accompagnera son maître jusqu’à Lisbonne. Une véritable amitié se noue entre les deux hommes, au point que le maître couchera dans son testament qu’il affranchira son esclave.


« Par le présent document je rends litre et considère comme quitte de toute captivité, sujétion et servitude Enrique, mon esclave captif noir, natif de la cite de Malacca, âgé de 26 ans plus ou moins, de façon qu’à compter du jour de ma mort et à tout jamais, ledit Enrique soit libre, quitte et exempt et en aucune façon oblige de subir quelque charge de captivité ou de sujétion que ce soit, et qu’il fasse ce que bon lui semble. Et j’ordonne qu’il soit donné de mes biens, audit Enrique, 10 000 maravedis en argent comptant, afin qu’il en vive. »


Nous sommes loin des clichés usuels de la traite négrière même s’ils demeurent la norme avec le commerce triangulaire. Les histoires humaines sont bien plus nombreuses qu’on ne l’imagine au premier abord. Une autre histoire de l’esclavage reste à écrire, enfin si cela n’a pas déjà été fait, mais revenons à Enrique.


Fernão à un grand projet, il souhaite ouvrir une nouvelle route vers les îles aux épices à l’Est de Malacca en arrivant par l’Ouest. Une entreprise téméraire, on sait que les côtes brésiliennes se poursuivent très loin vers le Sud, après c’est terra incognita.


Bref, Fernão réussit l’impossible, il emprunte le détroit qui porte aujourd’hui son nom, traverse l’océan pacifique qui n’a de pacifique que le nom et découvre un archipel : les Philippines. À ses côtés se tient Enrique promu truchement (traducteur) de l’expédition. Jusque-là il n’a guère démontré son utilité, les langues amérindiennes évidemment il ne les connaît pas. Mais d’un coup le tagalog (?) et le malais changent la donne, il devient l’intermédiaire indispensable entre les Espagnols et les « Philippins ».


Les contacts se présentent sous les meilleurs auspices, à Cebu le roi Hunabon accueille favorablement les visiteurs. Enrique est chargé de lui transmettre la Bonne nouvelle, mais Hunabon a un ennemi en la personne du roi des Lapu-lapu, sur l’île de Mactan. Trop volontaire, Fernão de Magalhães se mêlera impulsivement de ce conflit local et trouvera bêtement la mort dans une escarmouche. Affronté avec 60 hommes, un millier d’autres, on n’a pas idée non plus.


Enrique est donc libre, sauf que les Espagnols refusent de reconnaître le testament de leur capitaine majeur. Enrique sombre alors dans l’apathie, El Cano, le pilote qui a pris les rênes de l’expédition le somme de se rendre à terre pour reprendre contact avec le roi Hunabon. Un nouveau drame est en gestation et celui implique directement Enrique, un traître pour les Espagnols, un héros pour les Philippins.


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