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  • Photo du rédacteurCharles

Savetiers de Malacca

On y passe en coup de vent, le temps de s’émouvoir sur ces chaussures « dés à coudre » portés par ces femmes aux pieds bandés. Ceci en vertu d’une mode de la Chine impériale qui s’exporta jusqu’à Malacca, les petites filles eurent les doigts de pieds repliés (les articulations étaient cassées) pour obtenir la taille idéale. Enfin bref des générations de gamines furent estropiées en (dé) raison du canon de la beauté du moment.


Certaines traditions sont aussi bien derrière nous, certes… Quoique d’autres naissantes comme cette autoflagellation postcoloniale où l’on réécrit l’Histoire pour dénoncer l’esclavage, c’est juste du grand n’importe quoi. Ne serait qu’ici à Malacca se raconte désormais qu’Afonso de Albuqerque réduisit en servitude les Malais pour construire A Famosa, sa forteresse. Rien n’est plus faux. Les Malais ne m’avaient pas attendu pour réduire en esclavage leur prochain par milliers. D’ailleurs ils tombèrent dans l’escarcelle, non pas par les Portugais mais par ses alliés javanais qui les mirent à l’ouvrage sur la place forte.


Enfin c’est une autre histoire pour éventuelle note ultérieure, revenons à nos petons, brodés svp.


Au-delà des chaussures-souvenirs prospère un artisanat de la sandale perlée, celles des Nyonyas. Aussi riches en couleurs que leurs vêtements, ces chaussures sont réalisées sur mesure. L’atelier visité — il y en a quatre en ville — est tenu par la troisième génération de cordonnier. Notez les gabarits en un bois très dur, l’ancienne Singer ciselée, les marteaux, pinces et ciseaux. Du sur mesure et une patience infinie, je n’imagine même pas le temps qu’il faut aux couturières pour enfiler ces perles et créer ces motifs chamarrés.


Les deux modèles en cours de réalisation (fleurs et paons) correspondent à une commande particulière d’une Qatarie. A 800 RM la paire, son tarif ne m’a pas paru absurde tant le nombre d’heures nécessaires est juste dément. Les autres images livrent un aperçu de la collection personnelle du savetier. La paire de chaussures en cuir nous renvoie à l’époque où s’éteignirent les dernières Malaccaises aux pieds bandés, les années 80 si je ne m’abuse.

Un arrêt d’un instant, une pensée fugace pour une coutume « barbare », nous avons les nôtres aussi… Et pfft, le visiteur presse le pas. Il ne s’est même pas rendu compte qu’il est passé à côté de quelque chose d’unique en Malaisie.





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