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  • Photo du rédacteurCharles

Malacca, la dernière lanterne



Nouvel an chinois oblige, les lions envahissent les rues où ils dansent pour la prospérité, la postérité, etc. en toute sérénité. Mais laissons là ces rites pétaradants pour un éclairage sur une facette méconnue du nouvel an chinois malaccais, celle des lanternes.


A travers le vieux Malacca ressurgissent les très belles lanternes de M. Ang Teng Ta. Celles-ci ne sortent plus que pour les grandes occasions, et pour cause ce sont des œuvres uniques peintes à la main qui sont durant quelques jours exposées sous les perrons des demeures. Fatalement elles attirent les regards des curieux. Revers de la médaille, elles attisent également les convoitises de filous qui à la brune s’en reviennent et les emportent.


La rançon du succès si l’on peut dire.


Pour M. Ang, cette bonne fortune commença à l’improviste voici plus d’un demi-siècle lorsqu’un Baba fort marri vint le trouver pour réparer une lanterne endommagée. Dûment calligraphiées au patronyme familial les dites lanternes correspondent aux armoiries familiales, enfin si l’on peut s’exprimer ainsi. Cela va de soi, les gens y tiennent à leurs lanternes familiales. Bref, il ne sied à personne de laisser son blason partir à vau-l’eau sans réagir.


Bricoleur dans l’âme M. Ang fit mieux que de simplement réparer la dite lanterne, il l’a restaura dans tout son éclat. Surtout il l’a renforça en accolant au papier peint une épaisseur de cotonnade. Le premier client fut aux anges, la nouvelle fit incessamment le tour de Malacca. L’arrière-grand-père maternel de M. Ang étant lui-même lanternier, il apprit de sa mère quelques secrets de fabrication. Le succès fut immédiat et ne s’est jamais démenti depuis un demi-siècle.


A l’origine ces lanternes étaient essentiellement recouvertes d’imposantes calligraphies chinoises mais c’est sans compter la fibre artistique de M. Ang qui s’est mis en devoir d’accorder à ses créations une plus grande place à la peinture. Une œuvre singulière et empreinte de mysticisme, c’est debout jucher sur de petits tabourets pour être plus proche des « Esprits » qui guident ses pinceaux sur la toile qu’il oeuvre...



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