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  • Photo du rédacteurCharles

La rivière aux salanganes


Le véritable coffre-fort modèle Picsou s’entrouvre lentement, il faut déverrouiller 6 portes métalliques, 18 cadenas et 2 systèmes d’alarme avant de pénétrer dans le saint des saints.

Une pièce obscure, immédiatement l’odeur âcre vous saisit à la gorge.


C’est pestilentiel.


Nous marchons dans les déjections d’oiseaux, celles de salanganes (une sorte de martinet), celle-là même que nous confondons généralement avec les hirondelles. Au plafond dans les multiples entrecroisés boisés se découvrent le trésor si bien protégé, les nids.


Ces fameux « nids d’hirondelles » dont la Chine fait ses délices depuis la dynastie des Tang (618-907) n’ont strictement rien en commun avec les dites hirondelles qui utilisent des brindilles pour les construire, évidemment ces nids-là ne sont pas comestibles. Les salanganes, elles, usent de leur salive pour ce faire. Salive à laquelle les Chinois prêtent toutes les vertus. Ce serait un puissant tonic, un aphrodisiaque, un fortifiant qui faciliterait la récupération après les accouchements et donnerait aux nouveau-nés un teint éclatant. Il ralentirait le vieillissement, soignerait les cancers…


Bref, la panacée universelle.


Du bout des lèvres je goûte ce met impérial, le breuvage sucré a beau être servi dans de la porcelaine fine, il n’en demeure pas moins insipide.


Et c’est pour ce viatique que nombre d’anciennes shophouses ont été converties en nids d’oiseaux. Au naturel les salanganes nichent dans des grottes, afin de les attirer il est nécessaire de recréer l’ambiance sombre et humide des dites grottes. Murées les fenêtres est une chose, maintenir des demeures dans l’humidité en est une autre et fatale à terme pour le patrimoine.


Fort heureusement transformés d’anciennes shophouse en nids d’hirondelles n’est plus aussi attractif que par le passé. D’une part les prix de l’immobilier grimpent en flèche, d’autre part les salanganes se font plus rares du fait de l’urbanisation galopante de Malacca qui les éloignent inexorablement des sites où elles se nourrissent.


Dans son « Histoire générale des voyages » Dumont d'Urville évoque la cueillette des nids de salanganes dans les grottes indonésiennes :


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