Deux cités classées par l’UNESCO, deux gestions radicalement opposées, Malacca demeure le royaume du laisser-faire, laisser-aller. En voici l’illustration, les projets de ce style bourgeonnent en autant de fleurs vénéneuses.
https://sbr.com.sg/commercial-property/news/hatten-land-restart-construction-activities-harbour-city
Le développement c’est bien, mais la « Disneylandisation » à outrance du littoral avec des capitaux extérieurs, j’ai quand même des doutes.
Quant à Hoi An, avancer que la gestion de la cité est sévèrement encadrée par le parti communiste vietnamien relève de l’euphémisme. Mais sur le coup, j’ai trouvé que visuellement c’est plutôt réussi.
Quelques détails qui font toute la différence entre Malacca et Hoi An dans leurs zones classées respectives :
— Hoi An, centre piétonnier, seuls les cyclos et les motos y sont autorisées, et ces dernières au goutte à goutte. Cela change tout, sans être bucolique c’est très paisible. Malacca, elle, ne devient piétonne que pour le weekend market spécialisé dans les merdouilles made in China. Il est question d’étendre la zone piétonne, mais je gage qu’il s’agit surtout d’agrandir ce marché coloré, certes, mais somme toute bof-bof.
— Hoi An des cyclos traditionnels très encadrés, rien à voir avec le kitch Marvel’s and co de Malacca et surtout pas de sonos assommantes. Récemment il y a eu une pétition des riverains pour calmer l’ardeur desdits cyclos, hum, next life maybe, not sure lah.
— Hoi An des lanternes en éclairage public, Malacca des lampadaires lambda que l’on retrouve dans toutes les banlieues malaisiennes. Ceci dit l’abus de lanternes de Hoi An n’est pas nécessaire, Aladin me souffle à l’oreille qu’à la longue on suffoque, comme une impression d’être à l’étroit, on serait prêt à tout pour en sortir… Well, cela ne risque guère de se produire à Malacca, les lanternes c’est pour le Nouvel An chinois uniquement, mon petit doigt me dit que les lanternes aux yeux de la municipalité, c’est trop chinois.
— Hoi An, pas de véritable marché de nuit, des étals épars, ce n’est pas plus mal, la cuisine vietnamienne ne fait pas la part belle à l’huile de palme. Ainsi moins de graillons à l’œuvre même s’ils ne sont pas absents.
Hoi An, interdiction de construire des immeubles de plus de sept étages sur tout le territoire, la zone classée est hyper protégée, Malacca LOL, cela fait des années que les tours de verre surgissent des flots et pas que.
Hoi An, interdiction des enseignes en plastique dans la zone classée, Malacca s’y enorgueillit — bon il commence à être moins populaire — d’une scène de karaoké gratuit en plastique décorée par Mamie et autres Mister Potato. Tragique.
Je pourrais continuer sur les barquettes en plastique qui tiennent lieu de « croisière » sur la rivière de Malacca, celle de Hoi An est surchargée de lanternes, mais au moins ce sont des barques de pêcheurs reconverties. Et dire que les navires malais traditionnels sont superbement décorés.
Là où les Malaccais écrasent et de loin les Hoiannais (?) c’est sur l’accueil, les « come to my shop » et autre « YOU ! YOU ! » plus qu’insistants sont absents à Malacca. De même j’ai rarement vu les Vietnamiens « cuisinés » aussi mal et chers que dans les environs immédiats des hôtels.
Question richesse du patrimoine, celui de Malacca est autrement plus riche et diversifié que celui de Hoi An. Le poids de l’histoire se fait ici clairement sentir, la cité vietnamienne ne fut jamais la plaque tournante mondiale que fut Malacca…
J’arrêterai ici, le constat n’est guère flatteur pour la gestion du patrimoine de Malacca, le laisser-aller, laisser-faire à ses avantages, ces limites aussi. Après, j’ai noté certains efforts, des restaurations réussies. Rien n’est définitivement perdu, les bâtis sont épargnés, qu’ils soient recouverts de monceaux de plastique, bah, ils peuvent être retirés sans dommage.
Enfin bref, Malacca en a vu d’autre et son centre-ville historique se remettra de certains errements du moment. Pour ce qui est des mégaprojets futuristes qui l’enserre, well, les Malaccais s’interrogent eux-mêmes, l’article Hatten en lien provient de leurs réseaux.
A toute fin utile, j’ai tagué les images de Hoi An en sus du marquage habituel